De la Papouasie au Maroc : Lahcen enfin rapatrié !
Lahcen Ouled El Haj, un ressortissant marocain qui résidait en Papouasie-Nouvelle Guinée a été rapatrié le 5 décembre au Maroc. Il est presque comateux...SOIGNÉ d’un paludisme cérébral ayant engendré une paraplégie, Lahcen Ouled El Haj garde des séquelles de sa maladie au niveau des fonctions motrices induisant une totale dépendance, souligne un communiqué du département chargé de la communauté marocaine à l’étranger. A son arrivée, Lahcen devait être admis au service neurochirurgie de l’hôpital Ibn Rochd à Casablanca.
Ce rapatriement s’inscrit dans le cadre du partenariat qui lie le Maroc à l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) qui a contribué à l’organisation du voyage ainsi qu’aux modalités opérationnelles et médicales.
Le Reporter était parmi les premiers journaux à avoir attiré l’attention sur la situation de Lahcen (voir :
www.lereporter.ma). C’est sous le titre : « Il faut sauver le soldat...Lahcen », que notre magazine a évoqué le 22 juin 2006 dans son numéro 374, la souffrance de ce jeune.
« Lahcen Ould Lhaj, un nom qui ne nous dit rien. Pourtant son sort nous concerne ! Il est mourant dans son lit à Port Moresby, en Papouasie-Nouvelle- Guinée depuis presque neuf ans, à 16200 Km en vol d’oiseau. Son histoire a éclaté lorsqu’un marocain en mission dans ce pays lointain a appris son cas.... », soulignait l’article.
Rappel des faits
Né en 1967, Lahcen Ould Lhaj est originaire de Oulad Taima. En 1998, il part à la recherche de l’eldorado de ses rêves en Australie. Accompagné d’un autre compatriote, les arrêts et les escales s’enchaînent pour lui. Il entame un long périple pour enfin atterrir en Papouasie-Nouvelle Guinée. Arrivé à Port-Moresby, ce qui ne devait être qu’une simple escale, prend l’allure d’un calvaire.
Lahcen contracte une maladie rare : l’encéphalite japonaise suite à une piqûre de moustique, réputée d’évolution imprévisible car mortelle dans 25% des cas. Atteint depuis 1998, le jeune homme a une trachéotomie. Il respire et parle par un trou au niveau de la gorge et il est tétraplégique. Il ne bouge plus ses 4 membres et devient totalement dépendant d’une tierce personne.
Les responsables de l’hôpital où il est admis ont essayé de prendre contact avec la Haute mission du Maroc en Australie en adressant un courrier, daté du 11 mars 2005, afin d’organiser son rapatriement. Ils ont obtenu une réponse la première fois, puis silence radio.
Avec l’arrivée d’un jeune médecin marocain ayant un poste au sein de l’Organisation Mondiale de la Santé en Papouasie, Taoufik Bakkali, une lueur d’espoir se dessine. Le médecin passe l’information aux rajaouis via l’association « Dima-Dima Raja ». Cela a permis la création d’un forum sur le net dédié à cette cause.
L’information est reprise sur le site Wafin.be, consacré à la communauté marocaine en Belgique.
Très vite, le nombre d’inscriptions a été remarquable sur le forum dédié au cas de Lahcen. Des volontaires proposent spontanément une campagne de collecte de fonds. D’autres Marocains, un peu partout dans le monde, étaient prêts à payer à Lahcen et à l’infirmière qui doit l’accompagner leurs billets d’avion et aussi à aider la famille du patient.
Un « forumiste » est parvenu à entrer en contact avec le Pacha de Oulad Taima. Ce dernier avait fait preuve d’une disponibilité remarquable et est allé à la recherche de la famille de Lahcen pour l’informer de l’état de son enfant, dont elle n’avait plus eu de nouvelles depuis 1998. Mais toute cette bonne volonté était freinée par un seul obstacle. On avait besoin d’un document officiel, son passeport perdu à l’hôpital pour que Lahcen puisse rentrer chez lui et une prise en charge médicale dans un hôpital puisque la famille est tellement pauvre qu’elle ne peut assumer cette tâche.
Toute la bonne volonté exprimée n’a pas suffit pour permettre à Lahcen de rentrer au pays. Surtout que le département concerné, tenu alors par Nezha Chekrouni, n’a pas répondu à l’alerte.
Aujourd’hui Lahcen est revenu, enfin ! Malheureusement, il n’est plus en état de prendre conscience de la présence, à ses côtés dans son lit d’hôpital, de son père, de sa mère, de ses frères et sœurs. Si les appels de tous ceux qui s’étaient mobilisés pour cette cause avaient été entendus à temps, il en aurait été tout autrement. Mais...
Lahcen n’avait besoin ni de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) ni d’aucune organisation internationale. Il avait tout juste besoin d’un malheureux document certifié par son pays pour qu’il puisse rentrer chez lui....On ne le dira jamais assez, la les lourdeurs et la bureaucratie administratives tuent au Maroc.
http://www.lereporter.ma/article.php3?id_article=5277